Détecter de nouvelles opportunités pour son entreprise : l’art de zoomer et de dézoomer
- Albane Comot Rannaud

- 25 sept.
- 5 min de lecture

Entretien avec Chloé Blanc, experte en stratégie et transformation des entreprises
Et si la vraie opportunité, ce n’était pas d’aller chercher du neuf, mais d’exploiter plus finement ce que vous avez déjà construit ?
Dans un monde où tout pousse à agir vite, savoir prendre de la hauteur devient un avantage concurrentiel. Encore faut-il ne pas se perdre dans l’abstraction.
Pour Chloé, c’est dans l’alternance entre les différents niveaux de regard, zoomer et dézoomer, que se joue la capacité à créer de nouvelles opportunités de développement. Un travail de cadrage stratégique, mais aussi de finesse opérationnelle.
Qu’est-ce que « zoomer » et « dézoomer » ?
Zoomer, c’est plonger dans un détail, observer un usage ou un signal faible. Dézoomer, c’est replacer ce point d’attention dans une cartographie plus large : un parcours client, une organisation, un marché.
Comme l’explique Chloé :
Ce n’est pas un exercice réservé à la direction générale ou au terrain. C’est un travail d’orchestration des regards, pour construire une vision à 360° du business. Les signaux les plus utiles apparaissent souvent dans la diversité des perspectives, quand plusieurs angles se rencontrent, à l’intersection des points de vues et des équipes.
L’enjeu n’est pas de multiplier les analyses, mais de créer un mouvement dynamique entre les niveaux de lecture. Car c’est dans l’aller-retour entre ces échelles que se révèlent des opportunités souvent insoupçonnées.
Pourquoi c’est essentiel pour une entreprise ?
Dans beaucoup d’organisations, la stratégie est posée une fois… puis figée.
Or, comme le rappelle Chloé,
Ce ne sont pas toujours les grandes ruptures stratégiques qui transforment une entreprise. Bien souvent, les vraies opportunités émergent dans les détails du quotidien, par exemple à la jonction entre les fonctions et les business, les services ou produits, les parcours client, les manières d’aborder un même sujet, l’équilibre entre les objectifs à long terme et à court terme. Ce sont ces frictions discrètes qui révèlent ce qu’il faut ajuster, explorer ou renforcer.
Ce travail permet de créer des espaces d’échange et de collaboration entre des personnes qui doivent savoir travailler ensemble au quotidien pour créer de la valeur : direction, marketing, relation client, commerciaux, R&D, technique, logistique, etc. Ces croisements donnent lieu à des prises de conscience précieuses et souvent décisives pour faire évoluer un positionnement stratégique, lancer une offre innovante ou enrichir l’expérience client.
Et surtout, cette pratique ancre dans l’entreprise un réflexe de robustesse : celui de ne pas se laisser aveugler par l’instant, mais de prendre régulièrement le temps de relier actions et intentions, pour s’adapter à l’imprévu.
Ce qu’on observe sur le terrain
Beaucoup d’entreprises ajoutent, testent, élargissent mais sans savoir si c’est ce « plus » qui est réellement pertinent.
Comme le note Chloé :
Les structures qui réussissent à se renouveler sont celles qui acceptent de garder un espace de réflexion en continu. Elles savent s’autoriser des temps de pause pour relier le terrain avec le cap global.
Elle insiste aussi sur un point fondamental :
Rien ne vaut un test. On peut faire tous les benchmarks du monde, c’est le retour terrain qui permet de valider ou d’invalider une hypothèse. Rien ne vaut non plus l’écoute des équipes et des clients et le croisement des différentes perspectives, c’est dans ces nuances et la comparaison des points de vues que se trouvent les solutions.
Cela peut passer par un pilote sur un pays ou une région, un service proposé à un segment restreint de clients, l’interview de parties prenantes clés en interne comme en externe, et des ateliers de travail collaboratifs pour faire se croiser les regards, et converger vers des solutions à tester.
L’idée n’est pas de déployer à grande échelle immédiatement, mais d’éprouver une intuition, d’en mesurer la performance réelle, et d’en tirer des enseignements concrets.
Comment détecter de nouvelles opportunités quand on est entrepreneur·e individuel·le ?
Ce travail n’est pas réservé aux grandes entreprises. Il est tout aussi fondamental, sinon plus, quand on est seul·e aux commandes.
Tout commence par un vrai pas de côté ; pas seulement pour poser une vision à 3 ou 5 ans mais pour ajuster régulièrement sa trajectoire.
Il ne s’agit pas d’avoir un cap figé, mais une boussole. Quelque chose qui permet de se réajuster au fil des trimestres.
Cela peut prendre la forme d’un temps stratégique annuel pour formaliser sa vision et ses objectifs, puis de points d’étape réguliers pour ajuster les choix. Un cap se construit dans la durée : il se précise, s’affine, se teste.
Et surtout, entreprendre seul·e ne veut pas dire réfléchir seul·e.
Dans les grandes structures, les idées émergent souvent de la confrontation avec les retours clients, et entre services : direction, marketing, innovation, commercial, production, terrain… Ce sont ces frottements qui révèlent les marges d’ajustement ou d’innovation.
En solo, ce croisement des regards peut être recréé autrement. Un cercle d’entrepreneurs de confiance, un·e expert·e externe, un binôme ponctuel, l’écoute de ses clients et prospects… L’enjeu est d’ouvrir des espaces d’échange, pour mettre à l’épreuve ses intuitions, tirer des enseignements des tests menés, et prendre de la hauteur sur ce qui bouge.
Comme le souligne Chloé :
Ce sont les croisements entre les points de vue qui permettent de détecter ce qui fait sens. L’intelligence stratégique est souvent collective.
Ce que vous devez retenir
Savoir détecter de nouvelles opportunités, ce n’est pas une qualité innée. C’est une posture, une méthode, un entraînement.
Il ne s’agit pas d’attendre l’idée du siècle. Il s’agit de créer les conditions qui permettent aux bonnes idées de remonter, de s’éprouver, et de s’intégrer dans une stratégie cohérente.
Apprendre à zoomer, c’est reconnaître la valeur d’un signal faible. Apprendre à dézoomer, c’est se donner les moyens de le relier à une vision d’ensemble.
Et c’est dans ce va-et-vient stratégique que se loge la capacité à faire évoluer son entreprise avec justesse et robustesse.
Envie de passer à l’action ?
Pour commencer à explorer de nouvelles opportunités de développement, je vous propose un exercice guidé pour repérer les signaux faibles du marché et identifier les pistes à creuser.
Demandez-le-moi par e-mail : albane@kopylote.bzh
A propos de Chloé Blanc
Experte en transformation des entreprises, Chloé Blanc accompagne depuis plus de 15 ans les dirigeant·es et leurs équipes dans leurs enjeux stratégiques, organisationnels et managériaux.
Son approche allie exigence stratégique et attention portée aux dynamiques humaines, avec une conviction forte : toute transformation est une opportunité de développement pour l’entreprise, et les “artisans” du changement.
Elle intervient auprès d’organisations complexes, en France et à l’international, en conseil, en coaching ou au sein de comités de direction, pour aider à poser le bon cap, structurer la mise en œuvre, accompagner le changement et renforcer la robustesse des entreprises.
A propos de Kopylote
Kopylote est un partenaire stratégique dédié aux entrepreneur·es individuel·les qui veulent structurer leur activité, clarifier leurs priorités et sécuriser leur rémunération.
Pensé comme une associée secrète, Kopylote rend la stratégie accessible à celles et ceux qui pilotent seuls, mais qui ne veulent plus avancer à l’aveugle. À travers une approche méthodique, personnalisée et ancrée dans le réel, Kopylote aide les entrepreneur·es à poser une vision claire, construire une offre lisible, faire des choix cohérents et déployer un plan d’action mobilisable immédiatement.
Pas besoin de lever des fonds ou de viser l’hypercroissance pour penser stratégie. Ce qui compte : durer, progresser, et aligner ambition et réalité.


